Retour sur la semaine du logement de novembre 2021

La mairie a organisé début novembre la semaine du logement.

Le casse-tête du logement

Notre rôle d’opposition municipale est d’être force de proposition, de vous alerter sur les sujets qui nous posent problème, mais aussi, et c’est le cas aujourd’hui, de soutenir les bonnes initiatives de la majorité municipale. Bravo donc à la mairie pour cette initiative. Il était grand temps de s’attaquer au problème de logement qui faisait partie des priorités de notre programme pour les élections municipales de 2020 et départementales de 2021.

Nous avons participé aux trois tables rondes des 3, 4 et 5 novembre dernier et plusieurs sujets ont attiré notre attention.

L’accession à la propriété

Le problème clé de l’accession à la propriété est le prix du foncier lié à la concurrence exercée par ceux qui souhaitent investir dans une résidence secondaire. Ils ont les moyens de payer le prix fort pour venir en vacances sur notre île très attractive. Les Islais qui souhaitent rester sur l’île ou les personnes qui veulent venir s’installer à l’année pour y travailler n’ont pas beaucoup de chance de pouvoir acquérir ou construire un logement face à cette concurrence.

Une solution vient probablement du Département. Il a montré son implication et sa compétence en matière de logement en envoyant à la première table ronde Valentin JOSSE, son vice-président en charge de l’aménagement du territoire et du logement. Il nous a expliqué la solution qui commence à être mise en place par Vendée Foncier Solidaire, organisme départemental qu’il préside:

    • En collaboration avec la mairie, Vendée Foncier Solidaire achète des terrains constructibles, puis les met en location sous forme de Bail Réel Solidaire (BRS) d’une durée pouvant aller jusqu’à 99 ans pour un loyer modique (objectif <60€/mois).
    • Le locataire doit remplir certains critères (plafond de revenu, résidence à l’année sur l’île) et peut alors construire ou faire construire sa maison sans avoir à payer le prix du terrain… une belle économie !
    • Cerise sur le gâteau, il bénéficierait d’une TVA à 5.5 % au lieu de 20 % sur les travaux de construction, ce qui réduit encore le montant de son investissement.
    • Les seules contraintes sont l’interdiction de faire de la location saisonnière, et un prix encadré en cas de revente (qui ne peut se faire qu’à une personne qui respecte les critères de revenu et de résidence à l’année).

Les premières opérations viennent de démarrer en Vendée, et il nous semble urgent d’en lancer une sur l’île d’Yeu.

Le parc locatif à l’année

Diverses propositions ont été soulevées.

Vouloir convaincre les propriétaires résidents secondaires de louer leur maison à l’année est illusoire. Ces personnes ont investi de grosses sommes dans leur maison pour profiter de l’île d’Yeu pendant leurs quelques semaines ou mois de vacances chaque année. Pourquoi y renonceraient-ils pour les mettre en location à un prix relativement modique ? Et la location de septembre à juin, qui pourrait dépanner certains (enseignants par exemple) faute de mieux, est malheureusement interdite par la Loi, sauf cas exceptionnel comme le bail étudiant.

Vouloir convertir en logement à l’année les quelques logements aujourd’hui réservés à la location saisonnière de tourisme pourrait probablement se faire, mais leur nombre serait très limité, car il faudrait à la fois une rentabilité équivalente (subvention à envisager?), et que le logement soit adapté. En effet, les aménagements (rangement, chauffage, etc.) pour vivre à l’année ne sont pas les même que pour passer 1 ou 2 semaines en juillet ou août.
Nous nous interrogeons d’ailleurs sur la politique municipale pour ces logements : on dit vouloir développer les logements à l’année, mais en même temps on encourage et on subventionne la location saisonnière en remboursant via l’Office de Tourisme les frais de classement des meublés de tourisme !

La seule solution qui nous semble pouvoir donner des résultats assez rapides est de développer la construction de logements réservés à la location à l’année, en activant Vendée Habitat, et en sollicitant d’autres promoteurs immobiliers privés. Faire un lotissement prend du temps mais en y mettant l’énergie nécessaire, on doit pouvoir descendre d’au moins 4 ou 5 ans actuellement à un objectif de 3 ans ou moins. Et il faut accepter de construire des petits logements (T1 ou T2) car tout le monde n’a pas besoin d’une grande maison.

Nous profitons de cet article pour remercier chaleureusement toutes les initiatives en faveur du logement, et notamment toutes les personnes qui aujourd’hui font de la location privée à l’année. Sans eux la situation serait bien pire !

Le logement « réversible »

Ce sujet a été évoqué à plusieurs reprises pendant les tables rondes. Le principe est de construire des maisons qui n’ont pas d’impact trop durable sur l’environnement. En gros, le principal point est de remplacer les fondations classiques en béton par un système de pieux ou équivalent, et de construire dessus une maison en théorie démontable.

Pourquoi pas, mais est-ce vraiment la priorité ? En effet, compte tenu du grave manque de logement, le besoin va probablement durer de nombreuses années, alors pourquoi vouloir à tout prix faire du démontable ? Si c’est un choix personnel de celui qui construit, très bien, mais à condition que cela respecte les règles d’urbanisme et l’architecture de notre île.

Le logement saisonnier

C’est également un problème, notamment pour tous les commerces et services qui ont besoin de main d’œuvre en saison.

Lors de la 3e table ronde, les élus de Belle-Ile, de Groix, le représentant des Iles du Ponant et notre maire ont conclu à l’unanimité que la principale source du problème de logement sur nos îles était la trop forte attractivité de ces îles. Et quelques minutes plus tard, lorsque le problème du logement saisonnier a été soulevé, le constat a été fait que faute de logement pour les saisonniers, les divers commerces et services liés au tourisme n’auraient pas assez de main d’œuvre… et que cela allait créer un problème car cela baissera l’attractivité de nos îles… Cela nous semble contradictoire de se plaindre de la trop forte attractivité et de vouloir en même temps la défendre!

Nous n’avons pas de solution immédiate à ce problème de logement saisonnier. Il faudrait probablement explorer les pistes qui favorisent le tourisme à l’année, créant plus d’emplois permanents et réduisant ainsi le nombre de saisonniers.

Et de notre point de vue, la priorité politique de la municipalité doit aller vers le logement à l’année plutôt que vers le logement saisonnier. Encourageons le financement de ces logements par les employeurs de saisonniers et dépensons l’argent public pour aider à loger les Islais!

En conclusion

De nombreux points de vue ont été échangés durant ces trois jours, et des solutions intéressantes proposées, dont en particulier le Bail Réel Solidaire et l’accélération du développement de locatif à l’année avec Vendée Habitat.

Il faut maintenant que la municipalité mette en œuvre ces solutions rapidement, en lien avec le Département, pour que tout cela ne reste pas que des paroles !