Le constat
Le département possède près de 300 hectares classés en «Espaces Naturels Sensibles». Et il continue d’augmenter régulièrement cette superficie, en procédant à des préemptions ou à de simples acquisitions au prix d’1€/m² chaque fois qu’une parcelle est proposée à la vente.
C’est une très bonne chose car les actes enregistrés chez le notaire portent la mention «L’ACQUEREUR déclare que les parcelles présentement acquises seront incorporées dans le domaine public départemental au titre des espaces naturels sensibles, et feront en conséquence l’objet d’une gestion environnementale imprescriptible, en conséquence elles deviendront inaliénables». Imprescriptible et inaliénable signifient que ces terrains sont protégés pour l’éternité!
Cela concerne principalement la côte sauvage avec plus de 250 hectares, les marais, mais aussi des espaces à l’intérieur de l’île comme le bois de la Citadelle.
Une fois la première étape d’acquisition franchie, il faut mettre en place la bonne gestion de ces Espaces Naturels Sensibles pour les protéger, les entretenir et maintenir la bio-diversité.
Cela nécessite d’impliquer plusieurs catégories d’acteurs :
- Les terrains, propriété du département, ne sont pas regroupés en une seule grande parcelle, mais souvent en une multitude de petites parcelles séparées par des parcelles qui appartiennent à des propriétaires privés: un vrai gruyère!
- Une partie des terrains est gérée sous convention avec la Société de Chasse, qui organise des coupes : cela consiste à défricher de larges allées qui ont un intérêt majeur dans la lutte contre les incendies, en créant des barrières sans combustible qui ralentissent la propagation des incendies et facilitent l’intervention des pompiers pour les éteindre. Ainsi, l’entretien réalisé par les chasseurs a contribué à limiter la propagation de l’incendie de 5 hectares le 14 juillet 2022, qui a déclenché l’intervention de moyens importants du SDIS, amenés sur l’île par le canot de la SNSM et par une traversée supplémentaire de l’Insula Oya.
- Une autre partie des terrains, plusieurs dizaines d’hectares, a été confiée par convention à des agriculteurs, pour du pâturage. Les bêtes peuvent ainsi y paître et contribuent à l’entretien de ces parcelles.
- Sans oublier les associations de défense de l’environnement.
Le plan d’actions
Et c’est là que cela se complique! Car même si le département agit déjà dans le bon sens pour mettre en place des plans de gestion de ces Espaces Naturels Sensibles, il reste beaucoup de travail pour coordonner tous ces acteurs, et engager les mesures adaptées:
- Communiquer plus auprès des propriétaires privés pour les faire adhérer aux plans de gestion et «boucher les trous du gruyère».
- Réunir les Islais, chasseurs, agriculteurs, représentants des promeneurs et associations environnementales pour organiser le dialogue et la concertation. Il faut une relation apaisée et une bonne entente entre toutes ces populations pour une gestion coordonnée des Espaces Naturels Sensibles. Nous devons être tous acteurs. C’est la nature et la biodiversité qui en bénéficieront au final.
- Éviter les mesures prises sans concertation, comme la pose de clôtures en fil de fer barbelé entre le Grand Phare et la mer et financée par le département: C’est plus efficace pour contenir les troupeaux, mais un peu plus de concertation aurait sûrement permis de trouver d’autres solutions, ou alors de limiter à un seul fil barbelé en haut de la clôture: ainsi les petits animaux, les chiens ou les jeunes enfants auraient eu moins de risque de se blesser sur le barbelé du bas!
- Intensifier les mesures et les aides financières aux différents acteurs pour:
-la préservation de la mosaïque des paysages,
-la réhabilitation de l’hydraulique des mares et fossés,
-la plantation de haies bocagères,
-la mise en place de plans de reboisement.
Ces mesures concrètes présentent de nombreux avantages: créer des refuges pour la vie animale et des abris favorables à la biodiversité, procurer de l’ombre, de la fraîcheur et limiter l’évaporation des sols pendant les épisodes de sécheresse estivale, et protéger des rafales pendant les coups de vent en hiver: un plan 100% gagnant!
La tâche est importante, mais les enjeux sont immenses pour préserver la nature exceptionnelle de l’Ile d’Yeu et la beauté de ses paysages. Nous comptons nous y atteler avec détermination.
Benoit GABORIT et Yannick RIVALIN